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charge de notre intelligence, que les vives et subites clartés qui annoncent la foudre, que ses retentissantes détonations produisent des effets nerveux involontaires auxquels les plus fortes organisations n’échappent pas toujours. Je dois ajouter que, si les coups véritablement foudroyants sont très-rares, le nombre total de coups de toute espèce qu’on entend dans l’année est, au contraire, fort grand ; que rien ne distingue les coups inoffensifs des autres, et que le danger, quelque insignifiant qu’il soit en réalité, doit sembler s’accroître par le nombre considérable de ses renouvellements apparents. Cette considération sera certainement plus claire si, revenant à notre terme de comparaison, je suppose qu’au moment où l’ouvrier, où la cheminée, où le vase vont tomber d’un toit ou d’une fenêtre, une très-forte détonation annonce l’événement dans toute l’étendue de la capitale ; chacun pourra croire alors, plusieurs fois par jour, qu’il se trouve précisément dans la rue où l’accident doit arriver, et sa crainte, sans être pour cela plus fondée, deviendra concevable.

Je viens de parler des accidents qui arrivent dans l’enceinte des grandes villes. S’il faut s’en rapporter à une croyance assez générale, on est beaucoup plus exposé dans les villages et en rase campagne. Des considérations théoriques, dont le cadre que je me suis tracé m’interdit l’usage pour le moment, tendraient à confirmer cette opinion. Les faits, je ne saurais les invoquer ; ils n’ont pas été assez complétement recueillis. Ajoutons qu’on n’a point tenu un compte exact des différences qu’il y a, sous le rapport de la fréquence et de l’intensité de la foudre,