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Le 18 février 1770, un seul coup de foudre jeta à terre, sans connaissance, tous les habitants de Keverne (Cornouailles), qui se trouvaient réunis dans l’église pour le service du dimanche.

En 1808, la foudre tomba deux fois de suite sur l’auberge du bourg de Capelle, en Brisgaw, y tua quatre personnes et en blessa un grand nombre d’autres.

Le 20 mars 1784, le tonnerre pénétra dans la salle de spectacle de Mantoue. Sur les quatre cents personnes qui se trouvaient réunies, il en tua deux et en blessa dix[1].

Le 11 juillet 1819, la foudre tomba, pendant le service divin, sur l’église de Châteauneuf-les-Moutiers, arrondissement de Digne, département des Basses-Alpes ; elle y tua raide neuf personnes et en blessa plus ou moins quatre-vingt-deux. Du même coup elle tua, au milieu d’une écurie à côté de l’église, cinq moutons et une jument.

Malgré ces citations, personne ne me démentira si j’affirme que, pour chacun des habitants de Paris, le danger d’y être foudroyé est moindre que celui de périr dans la rue par la chute d’un ouvrier couvreur, d’une cheminée ou d’un vase à fleurs. Il n’est personne, je crois, qui, en sortant le matin, se préoccupe beaucoup de l’idée que, dans la journée, un couvreur, une cheminée ou un vase à fleurs lui tombera sur la tête. Si la peur raisonnait, on ne s’inquiéterait pas davantage pendant un orage de vingt-quatre heures. Il faut dire, toutefois, à la dé-

  1. Le tonnerre, en outre, fondit des boucles d’oreilles, des clés de montre ; il cliva des diamants, et cela, sans blesser en aucune manière les personnes qui portaient ces divers objets.