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nombre d’années, pas une seule mort n’a été notifiée comme provenant de la foudre. Cependant, durant le même intervalle, il y a eu dans le département de la Seine des personnes foudroyées, ne fût-ce que l’ouvrier dont je parlais tout à l’heure, à l’occasion des coups ascendants (p. 256); ne fût-ce qu’un cultivateur tué au milieu des champs, dans la commune de Champigny, le 26 juin 1807 ; ne fût-ce qu’un faucheur tué à Romainville, le 3 août 1811, pendant qu’il fuyait l’orage, une fourche en fer à la main. Il faut donc que les morts, causées par le tonnerre, soient déclarées et enregistrées comme des morts provenant d’accidents. De pareilles négligences, de pareilles erreurs ont dû être commises ailleurs. Dès lors, on aurait grand tort de prendre rigoureusement à la lettre ce que Lichtenberg rapporte du nombre de coups de foudre mortels de Gœttingue et de Halle. On ne courrait pas moins de risques de se tromper en généralisant ces résultats ; en appliquant à toutes les contrées du globe ce qui n’aurait été observé que dans une seule ; en voulant déduire, de ce qui arrive dans un village, ce qu’on doit redouter dans une grande ville. Gœttingue, Halle, Paris, etc., comptent à peine un accident par siècle ; eh bien, j’ouvre au hasard quelques volumes, et je trouve :

Dans la nuit du 26 au 27 juillet 1759, le tonnerre tomba sur le théâtre de la ville de Feltre : il tua un grand nombre de spectateurs et blessa plus ou moins tous les autres[1].

  1. Le tonnerre occasionne fort souvent des incendies ; cette fois-ci l’inverse arriva : il éteignit toutes les lumières.