Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 4.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trer à ce sujet dans aucune discussion ; mais les faits doivent l’emporter sur les plus imposantes autorités. Lorsque Maffei, il y a maintenant un siècle, imagina, en s’étayant du phénomène local qu’il avait observé au château de Fosdinovo, de formuler ses idées sur la foudre ascendante , il eut la précaution, plus prudent en cela que ne l’avait été Galilée, de montrer qu’elles pouvaient se concilier avec les passages de l’Écriture sainte où il est question de feux tombés du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe

(Genèse); de foudres qui étaient descendues des nuages (saint Luc), etc. Les théories scientifiques les plus célèbres, quoiqu’elles soient pour certaines personnes l’objet d’une sorte de culte religieux, n’exigent pas tant de réserve. Chacun peut aujourd’hui les examiner, les débattre, les critiquer, et ne s’arrêter que là où le terrain de l’observation et de l’expérience commence à se dérober sous ses pas.

Je rapporterai ici, en terminant ce chapitre, une observation recueillie par M. de La Pilaie, et dont l’explication se rattacherait difficilement à l’action de la vapeur d’eau.

La foudre ayant frappé un chêne à Commeraye, près de Lamballe, à la fin de mai 1843, M. de La Pilaie remarqua que le tronc eut son écorce entamée depuis la base jusqu’à la bifurcation des branches supérieures ; la foudre y avait fait une entaille, qui allait en se rétrécissant de bas en haut, et le long de laquelle les bords de l’écorce se trouvaient effilés comme de la charpie. Mais, tandis que ces fibrilles ligneuses et les autres lambeaux eussent dû se trouver morcelés de haut en bas, tous