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arbres des Champs-Élysées, examinées par M. Marchais, etc., étaient jaunes, crispées, grillées, convexes par-dessous ; le vert des faces opposées, des faces supérieures, n’avait subi aucune altération : seulement, de planes ou de légèrement convexes, ces faces étaient devenues concaves, précisément comme le deviennent des feuilles de parchemin, par ceux de leurs côtés qui ne regardent pas le feu. Voilà, s’écriait-on, autant de preuves que le courant enflammé de la foudre s’est mû de bas en haut. Le mouvement de bas en haut semble, en effet, assez bien établi ; mais qui oserait, au point où nous en sommes parvenus, affirmer que le courant ascendant n’était pas formé de vapeur d’eau à une haute température et résultant de la vaporisation opérée par l’action d’une foudre descendante sur l’humidité du sol ?

On pourrait enfin recourir au même agent (la vapeur d’eau), s’il fallait expliquer comment il arrive qu’au pied des arbres foudroyés le gazon est souvent retourné, et quelquefois déployé des deux côtés de la lacération du sol comme les feuillets d’un livre.

En me livrant à cette discussion minutieuse, je tenais à montrer que les faits d’après lesquels de nombreux physiciens croyaient avoir établi l’existence de foudres ascendantes n’avaient pas le caractère de véritables démonstrations. J’ajouterai, au surplus, que la question me paraît complètement résolue par l’ensemble des circonstances de l’événement dont j’ai fait mention dans le chapitre xxviii. J’admets donc sans réserve les foudres ascendantes. Je sais que des physiciens du premier ordre n’y croient pas ; je sais même qu’ils dédaigneraient d’en-