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de l’Ile-Adam, de la forêt de Compiégne, etc., etc.[1].

La minutieuse discussion à laquelle nous nous sommes livré au sujet des transports de matières pondérables opérés par la foudre, montre que ces curieux phénomènes peuvent être expliqués sans recourir à de prétendus nouveaux principes de physique. Il en résulte aussi qu’on ne saurait déduire de la direction d’un transport effectué par la foudre, le sens du mouvement du météore lui-même, et que les recherches de ceux qui, en s’appuyant sur une semblable base, se sont occupés des foudres ascendantes, n’avaient rien de bien solide. La question est assez importante pour légitimer quelques développements.

Certains physiciens, ainsi que nous l’avons déjà expliqué, font consister la foudre en une matière subtile qui s’élance avec la plus grande vitesse du corps foudroyant vers le corps foudroyé ; d’autres ne veulent y voir qu’une vibration. Quelle que soit celle de ces deux hypothèses qu’on adopte, le sens de la propagation de la foudre, en d’autres termes, le sens de la propagation de la matière

  1. La foudre frappe souvent les arbres de mort, alors même que le dégât extérieur apparent semble extrêmement léger. M. Tull, l’auteur de The philosophy of agriculture, pense que cet effet est la conséquence de la rupture des petits vaisseaux à travers lesquels la foudre a cheminé. Suivant nous la foudre agit ici mécaniquement comme la gelée, lorsqu’elle déchire les tubes capillaires dont se composent les tiges succulentes de certaines plantes. Seulement, comme les sucs aqueux se dilatent beaucoup plus en passant de l’état liquide à l’état de vapeur qu’en se congelant, le météore doit produire des déchirures plus nombreuses et dès lors plus fatales.

    En se plaçant au même point de vue, les physiologistes arriveront peut-être à reconnaître enfin le mode particulier d’action par lequel la foudre donne le plus ordinairement la mort.