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Le tronc lui-même n’avait pas été pelé, mais, comme le chêne de l’Ile-Adam, il était devenu une réunion de lattes ; seulement, elles se prolongeaient sous cette forme jusqu’à terre, au lieu de s’arrêter à quelque hauteur.

Je ne puis résister au désir de citer un troisième cas dont le professeur Muncke a donné la relation dans les Annales allemandes de Poggendorf.

Le diamètre du chêne observé par le physicien allemand était d’un mètre à fleur de terre. Le tronc tout entier de ce grand arbre disparut. Pour parler plus exactement, la foudre l’avait partagé en filaments de plusieurs mètres de long et de 3 à 4 millimètres d’épaisseur, semblables à ceux que l’action d’une gouge en. aurait détachés. Trois branches de 5 à 6 décimètres de diamètre étaient tombées verticalement, coupées net comme par un seul coup de hache. Elles conservaient leurs feuilles et leur écorce. On ne voyait nulle part des traces d’inflammation ou de carbonisation.

L’absence totale de carbonisation, la division d’un tronc d’arbre en filaments si nombreux, si déliés, la dispersion de ces filaments dans mille directions différentes, tout cela, je le répète, semble la conséquence nécessaire de l’action d’une force élastique qui se serait développée entre les fibres du bois. À l’aide d’un coup de foudre, transformez subitement en vapeur l’eau hygrométrique contenue dans les vieux chevrons d’un comble, ou la sève qui emplit les tubes capillaires longitudinaux du bois vert, et vous aurez de tout point les phénomènes des chevrons de l’abbaye de Saint-Médard de Soissons, des chênes