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évidemment suffisante pour expliquer, sous le rapport de l’intensité, tout ce que nous connaissons de l’action mécanique de la foudre. Ceux qui préfèrent un fait à une déduction théorique n’auront qu’à consulter les fondeurs sur les terribles effets qui résultent de la présence d’une seule goutte d’eau dans un moule, au moment où le métal incandescent y pénètre, et ils arriveront ainsi directement à la même conséquence. Plaçons de l’humidité dans les fissures, dans les alvéoles d’une pierre de taille, et si la foudre vient à frapper cette pierre, le développement subit de vapeur la brisera, et ses fragments seront projetés au loin, suivant toutes les directions (voyez p. 125 et 127). Dans les mêmes circonstances, la brusque transformation en vapeur éminemment élastique de l’eau mêlée à la couche terrestre sur laquelle les fondations d’une maison reposent, suffira pour soulever la maison en masse et pour la transporter à quelque distance (voyez p. 127). Lorsque Watt vit pour la première fois les tubes creux émaillés que la terre avait produits dans une masse de sable, il s’écria sur-le-champ : « Voilà un effet de la force élastique de la vapeur que la foudre engendra en traversant le sable. » Rien, toutefois, ne me paraît indiquer plus clairement, plus directement, l’action de la vapeur aqueuse que le singulier morcellement que le bois éprouve quand la foudre le traverse.

La foudre fend le bois, suivant sa longueur, en une multitude de lattes minces ou de filets encore plus déliés.

La foudre frappa l’abbaye de Saint-Médard de Soissons en 1676. Voici ce qu’un témoin oculaire rapporte de l’état des chevrons du comble :