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§ 4. – Odeurs développées par les coups de foudre.

Quelques physiciens n’ont pas cru qu’il fût nécessaire de recourir à des causes particulières pour expliquer l’odeur pénétrante dont chaque explosion de la foudre est accompagnée. La matière fulminante, dans son passage plus ou moins abondant à travers les papilles nerveuses de nos organes, ne peut-elle pas, disent-ils, y exciter elle-même un mouvement analogue à celui qui résulte de l’action de telle ou telle odeur ?

Ceci serait jusqu’à un certain point admissible, s’il ne s’agissait que d’une odeur instantanée. Mais la foudre développe partout où elle éclate, même en plein air, des odeurs qui durent longtemps (voyez p. 91). Quand elle pénètre dans un lieu fermé, son passage est suivi de la formation de vapeurs sulfureuses à travers lesquelles on ne peut quelquefois rien voir (voyez p. 92). Il y a donc évidemment des matières disséminées dans l’air. Ces matières, doit-on supposer que la foudre les entraînait dans sa marche, comme celles dont se composent les dépôts pulvérulents étudiés par M. Fusinieri et qui nous ont servi à donner un commencement d’explication des éclairs en boule (voyez p. 219); ou bien proviennent-elles de la vaporisation subite des substances contenues dans les bois verts ou secs, vernis ou non vernis, dans les murs, dans les pierres, les terres, etc., où la foudre a circulé, c’est ce qui ne pourrait être maintenant décidé. Quelle que soit celle de ces deux explications qui prévale, il ne faudra pas trop se préoccuper d’une prétendue constance dans la nature de l’odeur développée. Au besoin, je trouverais,