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LE TONNERRE.

Pendant l’éruption du Vésuve de l’année 1707, Giovanni Valetta écrivait de Naples à Richard Waller : « Le troisième et le quatrième jour, le volcan a jeté par son cratère des éclairs semblables et ceux qui, dans certaines circonstances, illuminent le ciel. Ils étaient tortueux, serpentants, et après leur apparition on entendait les éclats du tonnerre… Des éclairs, des tonnerres si fréquents, si intenses, avaient fait croire à une pluie prochaine ; mais on reconnut enfin qu’ils naissaient dans un nuage obscur composé, non de vapeurs ordinaires, mais seulement de cendres, »

Les paysans établis au pied du Vésuve disaient à sir William Hamilton, à la suite de l’éruption de 1767, qu’ils furent bien plus effrayés des éclairs incessants et des foudres qui tombaient parmi eux, que des laves brûlantes et des autres phénomènes menaçants dont une éruption volcanique est toujours accompagnée.

Durant la terrible éruption de 1779, il sortait du cratère du Vésuve, pêle-mêle avec la lave incandescente, de fréquentes bouffées d’une fumée aussi noire qu’on puisse l’imaginer (as black as can possibly be imagined). Cette fumée, dit sir William Hamilton, paraissait sillonnée par des éclairs serpentants, à l’instant même où elle se dégageait du cratère.

L’éruption du Vésuve de 1794, si bien décrite par le même observateur, renferme des indications non moins positives. Le 16 juin, rien d’enflammé ne dépassait le cratère. Il en sortait seulement de la fumée noire et des cendres qui formèrent au-dessus de la montagne un nuage gigantesque. Ce nuage était sillonné par les éclairs en