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Le choc de nos deux mains produit un bruit éclatant ; quel fracas ne doit-il donc pas résulter de la collision de deux énormes nuées ? Telle est, en substance, l’idée que Sénèque s’était formée du bruit du tonnerre (Quest. nat., liv. ii, §27).

Descartes n’a guère fait, ce me semble, que reproduire l’explication de l’auteur des Questions naturelles, et essayer de la fortifier par une comparaison : « Pour les orages, dit-il, qui sont accompagnés de tonnerre, d’éclairs, de tourbillons et de foudre, desquels j’ai pu voir quelques exemples sur terre, je ne doute point qu’ils ne soient causés de ce qu’y ayant plusieurs nues l’une sur l’autre, il arrive quelquefois que les hautes descendent fort à coup sur les plus basses, en même façon que je me souviens d’avoir vu autrefois dans les Alpes, environ le mois de mai, que les neiges étant échauffées et appesanties par le soleil, la moindre émotion de l’air était suffisante pour en faire tomber subitement de gros tas, qu’on nommait, ce me semble des avalanches, et qui, retentissant dans les vallées, imitaient assez bien le bruit du tonnerre. »

Un seul mot, et cette explication s’écroulera d’elle-même : il tonne souvent, sans qu’il y ait dans l’atmosphère deux couches de nuages.

Sénèque et Descartes se servaient du prétendu rapprochement subit de deux couches de nuages superposées, pour condenser une certaine masse d’air dont la dilatation également brusque engendrait ensuite le bruit du tonnerre. Leurs successeurs ont fait intervenir l’atmosphère dans l’explication du phénomène, d’une manière -