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tend très-distinctement quatre à cinq coups de tonnerre. Il regarde autour de lui, il n’aperçoit aucun nuage ni dans le firmament ni près de terre. Si les cinq coups ne sont pas partis de la portion d’atmosphère diaphane qui recouvre l’horizon visible ; si leur foyer ou leur cause doit être cherchée dans des nuages situés au delà des limites de cet horizon, il faudra que ces nuages ne soient pas à plus de 6 lieues de distance, car sans cela la détonation n’aurait pas été entendue ; or, des nuages, pour être invisibles à la distance de 6 lieues, ne doivent pas se trouver à plus d’une trentaine de mètres d’élévation. Nous voilà donc amenés à cette alternative : ou les tonnerres entendus par Volney venaient d’une atmosphère parfaitement sereine, ou ils avaient pris naissance dans les nuages situés, au plus, à la très-petite hauteur de 30 mètres. Entre ces deux hypothèques, le choix me semble devoir être d’autant moins douteux, que les nuages qui, une heure après les détonations entendues par Volney, envahirent l’atmosphère de Pontchartrain, étaient des nuages à grêle très-élevés. Quoi qu’il en soit de cette argumentation, quant à l’observation particulière qui l’a fait naître, il n’en demeure pas moins établi qu’après avoir entendu des coups de tonnerre par un ciel serein, on devra soigneusement chercher, en regardant tout autour de soi, si quelque nuage ne commencerait pas à poindre aux limites de l’horizon visible[1].

  1. En y regardant de bien près, je n’ai trouvé que les circonstances de l’observation de Volney, desquelles il découlât d’une manière certaine que le tonnerre peut s’engendrer dans un ciel serein.

    Pline rapporte qu’à l’époque de la conspiration de Catilina, un décurion du municipe de Pompeia (M. Herennius) fut frappé de la