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J’ai reçu de M. de Saint-Cricq l’assurance qu’on entendit le eanon de Waterloo, de la ville de Creil, à la distance de 50 lieues (200 kilomètres). Suivant M. Élie de Beaumont, la canonnade du 30 mars 1814 fut entendue très-distinctement dans la commune de Casson, située entre Lizieux et Caen, à environ 176 kilomètres ou 44 lieues de Paris en ligne droite.

À l’aide des résultats que nous venons d’obtenir touchant les plus grandes distances que le bruit du tonnerre franchisse, nous pourrons trancher une question importante : nous déciderons s’il faut se résoudre à ne voir dans les tonnerres des jours sereins que des retentissements de tonnerres ordinaires, élaborés au sein de nuages qui se trouvent au-dessous de l’horizon, ou s’il est permis de les considérer comme des tonnerres qui sont nés et qui


    d’action. Derham prétend que les sons s’entendent de plus loin et plus distinctivement en hiver, et surtout pendant la gelée qu’en été. Cette opinion a été confirmée par le capitaine Parry. Je lis dans son premier voyage (p. 143) : « La distance à laquelle on entendait les sons en plein air tant que régna le froid intense, était extrêmement grande et excitait constamment notre surprise malgré les fréquentes occasions que nous avions de faire cette remarque. Par exemple, nous avons entendu souvent à la distance de 1 mille (1600 mètres), des hommes qui causaient entre eux avec leur voix ordinaire. Le 11 février 1820, j’entendis à une plus grande distance encore un homme qui se sifflait à lui-même (a man singing to himself) en marchant le long de la grève. »

    Derham croit avoir remarqué que la neige nouvellement tombée est une cause d’affaiblissement du son plus efficace que la neige ancienne à la surface de laquelle il s’est formé une croûte unie. Il dit aussi que les brouillards amortissent considérablement les ondes sonores. Des brouillards uniformément répandus, produisent probablement l’effet annoncé par le physicien anglais. Dans d’autres conditions ils font tout le contraire. Ainsi, en novembre 1812, l’atmosphère étant couverte à une petite hauteur d’une couche épaisse