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La petitesse de ces distances frappera surtout quand on aura remarqué à quel point le bruit du canon s’entend de plus loin. Je trouve, par exemple :

Que le canon tiré à Florence s’entend quelquefois du vieux château du Monte-Rotondo, près de Livourne, à la distance, en ligne droite, de 20 lieues 1/2 (82 kilomètres) ;

Que lorsqu’on tire le canon à Livourne, on l’entend quelquefois à Porto-Ferrajo, à la distance de 20 lieues 1/4 (81 kilomètres) ;

Qu’à l’époque où les Français faisaient le siége de Gènes, le bruit de leur artillerie était entendu de Livourne, à la distance de 36 lieues 3/4 (147 kilomètres).

La petitesse de la distance qui suffit pour éteindre complétement le bruit des plus violents tonnerres a excité l’étonnement dans tous les pays. Ainsi, je trouve dans les Mémoires des missionnaires de la Chine, tome iv, que l’empereur Kang-hi, qui s’était occupé en physicien des phénomènes de la foudre, portait à 10 lieues le plus grand intervalle que ses détonations pussent franchir. Il assurait, au contraire, avoir entendu le bruit de l’artillerie jusqu’à la distance de 30 lieues. Aujourd’hui, les recherches doivent tendre à découvrir si le grand affaiblissement du son sur lequel nous venons de tant insister ne dépendrait pas exclusivement des réflexions partielles qu’il subit en rencontrant obliquement les surfaces de séparation des couches atmosphériques de différentes densités[1].

  1. On sait en général très-peu de chose touchant les causes diverses qui peuvent influer sur l’intensité du son et sur leur mode