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or, n’auraient-ils pas donné à leur système un grand degré de probabilité, si, par exemple, le foyer de ces détonations paraissait devoir être entre les nuages et la terre ?

En partant des données numériques que nous rapportions tout à l’heure, cherchons aussi à déterminer les plus grandes distances auxquelles le tonnerre ait jamais été entendu.

On a pu voir, à la page 82, que de L’Isle compta une fois 72 secondes entre l’éclair et le tonnerre. Ce nombre, le plus considérable dont il soit fait mention dans les annales de la météorologie, multiplié par 337, donne pour la distance du nuage où l’éclair s’était montré : 24,264 mètres, ou environ 6 lieues de 4,000 mètres.

Après ce résultat exceptionnel (72 secondes) , le plus fort qu’il m’ait été possible de recueillir est 49 secondes. Ce nombre multiplié par 337, donne : 16,513 mètres, ou un peu plus de 4 lieues de 4,000 mètres.

La plus grande distance à laquelle le tonnerre se soit jamais fait entendre paraît donc être de 6 lieues de poste. Les plus grandes distances habituelles ne s’élèvent guère qu’à 4 lieues[1].

  1. On sera peut-être bien aise de trouver ici quelques limites de distances déterminées directement. Le 25 janvier 1757, la foudre tomba avec un bruit épouvantable sur le clocher de Lestwithiel (Cornouailles) et le détruisit presque en totalité. Le célèbre Smeaton en était alors éloigné d’environ 12 lieues (thirty miles). Il vit les éclairs, mais il n’entendit absolument aucun bruit.

    Muschenbroek rapporte qu’il tonne quelquefois très-fortement à La Haye, sans qu’on entende rien à Leyde, à la distance de 4 lieues (16 kilomètres), et à Rotterdam, à la distance de 5 lieues 1/4. On a aussi des exemples d’orages très-violents qui avaient éclaté sur la ville d’Amsterdam, et dont le bruit ne se propagea pas jusqu’à Leyde, à la distance de 9 lieues.