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ou d’un instrument à réflexion, en prenant pour repère, pour point de mire, les accidents fortuits de forme ou de clarté les plus voisins du point où l’éclair s’est montré et dont les nuages orageux ne sont jamais exempts. Cela une fois connu, le calcul s’effectue en un trait de plume.

C’est ainsi, de point en point, qu’ont été déterminées les hauteurs absolues de nuages, rapportées chapitre iv, pages 20 et suivantes. Ce genre d’observations a été jusqu’ici trop négligé ; la météorologie est très-intéressée à le voir se répandre. Les plus grands et les plus petits intervalles entre l’éclair et le tonnerre doivent surtout fixer l’attention des physiciens : les premiers, parce qu’ils servent aujourd’hui à la détermination de la plus grande hauteur des nuages orageux ; les seconds, à cause de leur liaison possible avec une question très-controversée dont je dirai ici quelques mots.

Quand une seconde de temps s’écoule entre l’éclair et le tonnerre, les nuages sont au plus à 337 mètres de hauteur verticale ; quand l’intervalle des deux phénomènes est de 1/2 seconde, la hauteur des nuages ne peut pas être supérieure à 168 mètres ; à 4/10es, à 3/10es, à 2/10es, à 1/10e de seconde d’intervalle, correspondraient, respectivement, des hauteurs de nuages inférieures à 135 mètres, à 101 mètres, à 68 mètres, à 34 mètres.

La flèche des Invalides est à 105 mètres de hauteur verticale. Supposons qu’en temps d’orage, quelqu’un placé près du monument aperçoive un de ces éclairs qui ne paraissent pas quitter les nuages et qu’il s’assure de plus que le tonnerre a succédé à l’éclair après le court intervalle de 3/10es de seconde. De ce nombre résultera,