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LE TONNERRE.

CHAPITRE III.
FOUDRE DES NUAGES VOLCANIQUES.
la foudre s’élabore et se manifeste quelquefois dans des nuages dont la nature semble toute différente de celle des nuages atmosphériques ordinaires.

Pline le Jeune a écrit à Tacite deux lettres, devenues célèbres, au sujet de l’éruption du Vésuve qui, en l’an 79 de notre ère, occasionna la mort de son oncle, Pline le Naturaliste, Dans la seconde de ces lettres, il parle de nuées noires et horribles (c’étaient des nuées de cendres) déchirées par des feux serpentants (on n’emploierait pas aujourd’hui d’autres paroles pour caractériser certains éclairs des orages ordinaires) ; « de nuées qui s’ouvraient et essaient échapper de longs sillons de flammes, semblables à des éclairs. »

Les ouvrages du père della Torre fourniraient au besoin beaucoup de citations du même genre. Dans la description de l’éruption du Vésuve de l’année 1182, nous trouverions, par exemple, « que la fumée excessivement dense (densissimo) dura depuis le 12 jusqu’au 22 août, et que la foudre (saette) se montra souvent au milieu de cette fumée. »

Bracini, témoin oculaire de l’éruption du Vésuve de l’année 1631, dit que la colonne de fumée qui s’éleva du cratère s’étendit dans l’atmosphère jusqu’à la distance de 160 kilomètres, et que, pendant le trajet de cet nuage d’une espèce particulière, il en sortit souvent des foudres qui tuèrent plusieurs personnes et plusieurs animaux.