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été engendrés simultanément. Le phénomène au reste est si simple, que les anciens, très-peu avancés généralement sur les matières de physique, en avaient déjà connu la véritable cause. Prenez, par exemple, le livre vi du poëme de Lucrèce, et vous y lirez d’abord des observations destinées à établir que la lumière se meut en général beaucoup plus vite que le son. Quelques vers après, vous trouverez, comme conséquence inévitable des prémisses, que la lumière de la foudre doit arriver à terre bien plus vite que son fracas, quoique fracas et lumière aient été formés au même instant et par le même choc.

Cette explication est parfaitement exacte. Le seul avantage que nous ayons à cet égard sur les philosophes de l’antiquité, c’est de pouvoir assigner pour chaque distance donnée le retard du son sur la lumière, en secondes entières et fractions de seconde.

Deux phénomènes astronomiques (les éclipses des satellites de Jupiter et l’aberration) ont servi à prouver que la lumière traverse uniformément l’espace, avec une vitesse de 80,000 lieues environ par seconde de temps. Il résulte de là qu’elle n’emploie que un huit-millième de seconde à franchir 10 lieues. 10 lieues surpassent, sans aucun doute, la hauteur à laquelle les éclairs et le tonnerre s’engendrent dans notre atmosphère. À moins donc qu’on ne veuille tenir compte d’une inappréciable fraction de seconde, il sera permis, dans toutes nos recherches sur le tonnerre, de supposer que nous voyons l’éclair à l’instant même où il est né.

Quant au son ; on peut affirmer, d’après les expériences les plus récentes, qu’à la température de + 10° centi-