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posées. Supposons que la couche supérieure devienne le siége d’un grand orage ; qu’elle soit sillonnée par de brillants éclairs, qu’il en parte de retentissantes détonations. Si les nuages inférieurs sont très-opaques ou très-épais , la lumière des éclairs, quelque vive qu’on la suppose, ne les traversera pas ; elle s’y absorbera presque en totalité ; il n’en arrivera rien de sensible à la surface de la terre, et cependant, comme des corps non perméables à la lumière se laissent facilement traverser par le son, le même observateur qui ne voit pas l’éclair entendra parfaitement le tonnerre.

La double supposition que deux couches de nuages superposées existent simultanément dans l’atmosphère à différentes hauteurs, et qu’un orage se manifeste dans la couche supérieure seulement, seraient, au besoin, appuyées sur les relations de trop de voyageurs véridiques, pour que nous n’ayons pas la certitude d’avoir indiqué une des causes des tonnerres sans éclairs. Je dis seulement une des causes, car j’ai cité (p. 142 et suiv.) des foudres dont le siége ne paraît pas être dans les nuages, et qui détonent violemment sans avoir été annoncées par aucun phénomène lumineux.

§. 2. — Du tonnerre ordinaire, de l’intervalle qui le sépare de l’éclair, de son roulement, de ses éclats, des plus grandes distances auxquelles on l’entende, du tonnerre des jours sereins, de la longueur des éclairs.

Quelquefois le tonnerre ne se fait entendre qu’un temps assez long après que l’éclair a brillé. Ceci a besoin d’explication , car personne ne doute, quoique la chose soit loin d’être démontrée, que la lumière et le bruit n’aient