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éclairs éblouissants. Ces immenses, éloignements rien ne les justifie ; en tout cas, ils ne suffiraient pas pour expliquer l’observation de Deluc (chap. xiv, p. 87), dans laquelle des éclairs de même intensité et nés dans les mêmes nuages étaient suivis, les uns d’étourdissants roulements, les autres d’un silence absolu. Veut-on, au surplus, la preuve que, dans l’atmosphère, un bruit n’est pas l’accompagnement nécessaire de toute production de lumière ? La voici :

Les trombes sont quelquefois le foyer d’éclairs très-brillants. Le 4 juin 1814, M. Griswold se trouva à une petite distance (400 mètres) d’un de ces météores, dans le territoire des Illinois. Des éclairs presque continus et d’un éclat incomparable descendaient des nuages vers la terre, à une petite distance de la surface extérieure de la trombe, ou peut-être même le long de cette surface. Cependant, on n’entendait absolument aucune détonation[1].

Les tonnerres sans éclairs sur lesquels j’ai précédemment appelé l’attention des lecteurs (chap. xiii, p. 84), peuvent s’expliquer très-simplement.

Concevons deux couches distinctes de nuages super-

  1. Pour tous les observateurs de la trombe, cette absence de bruit au milieu d’irradiations aussi éblouissantes, était un phénomène sans exemple. M. Griswold croit qu’au fond le bruit existait comme dans un orage ordinaire. Suivant lui, le rapide mouvement giratoire de l’air qui constitue le météore, empêchait les vibrations sonores de sortir de l’enceinte même de la trombe et de se communiquer à l’air à peu près tranquille de l’atmosphère. Je doute que cette explication, tout ingénieuse qu’elle puisse être, fasse beaucoup de prosélytes. On aimera mieux croire à une production de lumière sans bruit.