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dirigé le tuyau vers la région où le phénomène se manifeste le plus ordinairement, on regarde à travers comme si c’était une véritable lunette. Quand un éclair brille, on voit aussitôt deux disques brillants. Ces deux disques sont-ils blancs, ou plutôt sont-ils l’un et l’autre de la teinte même de l’éclair, concluez-en avec certitude qu’on a observé de la lumière directe, qu’elle n’est pas arrivée à l’œil par voie de réverbération, que l’éclair a pris naissance dans la portion d’atmosphère située au-dessus de l’horizon. Les deux disques, au contraire, se montrent-ils colorés, c’est une preuve que la lumière, dont les cristaux renfermés dans le tuyau font une sorte d’analyse, est de la lumière réfléchie, qu’elle provient d’éclairs engendrés au-dessous de l’horizon visible. En mesurant l’intensité de la coloration des disques, on arriverait sans trop de difficulté à décider quelle région atmosphérique occupent ces derniers éclairs ; mais je dois ici m’interdire de trop minutieux détails. Il me suffit d’avoir montré comment, à l’aide de l’observation la plus simple on pourra dissiper tous les doutes que la question des éclairs de chaleur avait soulevés.

Si l’on croit peu aujourd’hui à des éclairs silencieux engendrés au sein des nuages, c’est que, dans la seule explication un tant soit peu plausible qui ait été donnée des éclairs, le bruit doit résulter, au moins tout aussi inévitablement que la lumière, de l’action des causes physiques que l’explication met en jeu. Aussi ne manque-t-on pas de recourir à d’excessifs éloignements des nuées orageuses, quand il faut comprendre pourquoi on n’entend absolument aucune détonation à la suite de certains