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explication le caractère de la plupart des théories scientifiques modernes ; il reste à passer de la conjecture à une véritable démonstration. Voici deux cas où toutes les conditions désirables se trouvent, ce me semble, réunies. J’ai trouvé l’un dans le Voyage de Saussure ; j’ai recueilli l’autre, en parcourant ligne à ligne les deux volumes d’Observations météorologiques de M. Luke Howard.

Dans la nuit du 10 au 11 juillet 1783, l’illustre historien des Alpes se trouvait à l’hospice du Grimsel, par un ciel calme et serein. Ce pendant, en regardant dans la direction de Genève, il voyait à l’horizon quelques bandes de nuages d’où sortaient des éclairs qui ne paraissaient produire absolument aucun bruit. La même nuit, au même instant, la ville de Genève éprouvait le plus épouvantable orage dont les habitants de ce pays aient jamais été témoins.

Le 31 juillet 1813, M. Howard voyait de Tottenham, près de Londres, de faibles éclairs de chaleur à l’horizon , vers le sud-est. Le ciel était étoilé ; il n’y avait pas un seul nuage dans le firmament ! M. Howard apprit bientôt de son frère, qui se trouvait sur la côte sud-est de l’Angleterre, que ce même 31 juillet, à l’heure des éclairs silencieux de Tottenham, on apercevait de Hastings un grand orage qui embrassait, en France, l’espace compris entre Dunkerque et Calais. Ainsi les éclairs dont on apercevait la lueur dans l’atmosphère de Londres étaient nés au milieu de nuages situés à près de 50 lieues de distance.

Avoir prouvé que les éclairs de chaleur sont quelquefois des éclairs réfléchis, n’implique pas la conséquence