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En 1739, pendant des expériences sur la vitesse du son, Cassini et Lacaille apercevaient dans l’atmosphère la lumière provenant du canon qu’on tirait au pied du fanal de Cette, alors même que dans les stations qu’ils occupaient, la ville et le fanal leur étaient complètement cachés par des objets intermédiaires, tels que la montagne de Saint-Bauzeli, etc. En 1803, M. de Zach faisait donner des signaux au mont Brocken du Harz, pour déterminer des différences de longitudes. Des observateurs placés sur la montagne de Kenlenberg, à plus de 60 lieues de distance, apercevaient la lumière des 180 à 220 grammes de poudre qu’on brûlait chaque fois à l’air libre, quoique le Brocken, à cause de la rondeur de la terre, ne soit pas visible du Kenlenberg. J’ajouterai enfin que, lorsqu’on tire à Paris le canon de la batterie basse des Invalides, un observateur placé dans les allées du jardin du Luxembourg voisines de la rue d’Enfer, d’où l’on ne voit ni les divers étages du bâtiment, ni même la flèche si élevée de son dôme, aperçoit dans l’air, au moment de chaque décharge, une lueur qui s’étend jusqu’au zénith et au delà.

Si les faibles lumières qui résultent de l’inflammation de 200 grammes de poudre se reflètent dans l’atmosphère d’une manière aussi évidente, que ne peut-on pas attendre de la réflexion de la lumière infiniment plus vive de certains éclairs !

En voilà certainement assez pour établir la possibilité, la probabilité, si l’on veut, de l’explication que nous avons indiquée des éclairs de chaleur. Cependant il reste encore quelque chose à faire : il faut essayer de donner à cette