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de chaleur, c’est-à-dire les éclairs des nuits sereines.

« Dans la nuit la plus calme, à la lueur même des étoiles, on voit briller l’éclair, dit Sénèque ; mais soyez sûr, ajoute-t-il, qu’au lieu d’où part l’éclair, il se trouve des nuages que la forme sphérique de la terre ne nous permet pas d’apercevoir. Le feu de l’éclair lancé vers le haut se montre dans la partie pure et sereine du ciel, quoique formé dans un nuage obscur et ténébreux. » (Quest. nat., liv. ii, § 26.)

Dans sa Dissertation sur le tonnerre, couronnée en 1726 par l’Académie de Bordeaux, le Père Lozeran de Fesc ne regardait pas non plus les éclairs de chaleur comme des éclairs primordiaux. Suivant lui aussi, ils sont la réverbération sur des couches atmosphériques plus ou moins élevées d’éclairs ordinaires nés au sein d’un orage dont la vue directe est empêchée par la rondeur de la terre.

Cette explication est très-simple, et la plupart des physiciens l’ont adoptée. Quoi de plus naturel, en effet, que de douer l’atmosphère d’une certaine force réfléchissante ? N’est-ce pas elle qui nous reflète la lumière crépusculaire longtemps avant que le soleil soit levé, longtemps après qu’il est couché ?

Ce raisonnement serait susceptible de quelques doutes puisés dans des considérations de quantité. Ne pourrait-on pas dire que l’atmosphère, quoique assez réfléchissante pour nous renvoyer la lumière crépusculaire provenant du soleil, ne doit réverbérer rien de sensible quand elle ne reçoit que la lumière comparativement très-faible des éclairs ? Voici la réponse :