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pierres de tonnerre[1], je dirai qu’il n’est point prouvé qu’on doive absolument rejeter comme mensongères toutes les relations où il est parlé de coups de foudre accompagnés de chutes de matières. Sur quoi se fonderait-on pour s’inscrire en faux contre ce fait que je tire des œuvres de Boyle :

« En juillet 1681, la foudre produisit beaucoup de dégâts, près du cap Cod, sur le bâtiment anglais l’Albemarl. Le coup de foudre fut suivi de la chute, dans la chaloupe même suspendue à la poupe du navire, d’une matière bitumineuse qui brûlait en répandant une odeur semblable à celle de la poudre à canon. Cette matière se consuma sur place ; on avait essayé vainement de l’éteindre avec de l’eau, ou de la projeter dehors en se servant de tiges de bois. »

Cherchons maintenant ce que peuvent être les éclairs

  1. Les prétendues pierres de foudre que certains peuples révéraient, avaient, en général, la forme d’un coin, d’une hache, ou celle d’un fer de flèche ou de lance.

    L’origine de ces pierres n’est pas douteuse, depuis qu’on en a trouvé de toutes pareilles parmi les outils et les armes des indigènes de l’Amérique ; depuis que nous savons comment ils les fabriquaient. L’ancien continent aussi a été primitivement habité par des nations sauvages. Les mêmes besoins, la même disette de fer durent y faire naître la même industrie. Lorsque la métallurgie perfectionnée produisit des instruments plus résistants, plus tranchants, plus commodes, les pierres furent abandonnées, et elles se sont conservées à peu près intactes dans la terre.

    Plusieurs fois on a rencontré de ces mêmes pierres dans des troncs d’arbres. C’était, disait-on, un violent coup de tonnerre qui les y avait introduites. Toute autre explication semblait impossible. À ce compte, ce serait aussi le tonnerre qui aurait projeté les crapauds, que les troncs d’arbre recèlent quelquefois, et les monnaies anciennes que les bûcherons y ont découvertes.