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pas avec une liberté indéfinie dans les corps solides. Les ruptures, les transports qu’elle occasionne, en paraissent une preuve évidente. Quoi de plus naturel alors que de supposer qu’en traversant l’air atmosphérique cette matière pousse vivement devant elle les molécules qui le composent, et qu’il en résulte successivement des compressions dans toute la ligne où le trajet s’opère. Des compressions un peu fortes, comme le prouve le briquet pneumatique, sont toujours accompagnées d’un dégagement de lumière ; la direction suivie par la matière fulminante doit donc être marquée par un sillon lumineux.

Cette argumentation semble bien liée ; cependant elle peut donner lieu à plus d’une objection.

Si en chaque point de la ligne que la foudre parcourt il faut, pour qu’un peu de lumière se dégage, que certains volumes d’air grossier soient très-sensiblement comprimés, on conçoit difficilement comment tous ces déplacements de molécules pourront se concilier avec l’excessive vitesse de propagation de l’éclair que les expériences de M. Wheatstone ont donnée.

L’analogie empruntée au briquet pneumatique pèche par la base. L’air atmosphérique n’est pas seul en jeu dans cet appareil. Des expériences de M. Thénard prouvent, en effet, que si l’on opère dans un corps de pompe parfaitement nettoyé, à l’aide d’un piston de feutre imbibé d’eau, et non d’une matière grasse ou huileuse, la compression n’est accompagnée d’aucune production de lumière. Ce sont ces matières qui en prenant feu dans la petite pompe de l’appareil usuel, à la suite du dégagement de chaleur que toute forte compression de gaz amène à sa