Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 4.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les royaumes, et ne laissait rien de ce qu’elle rencontrait dans l’état primitif.

Jupiter lançait la première à sa guise ; la seconde ne partait de sa main que sur l’avis d’un conseil composé de douze grands dieux ; la troisième, enfin , exigeait impérieusement un arrêt des dieux supérieurs.

On conçoit difficilement que des peuples chez lesquels régnaient de pareilles idées aient cru nécessaire de rechercher comment la foudre s’engendrait dans les nuages, comment naissait la lumière, comment se produisait le bruit. Cependant ces questions occupent une large place dans les traités d’Aristote, dans le poëme de Lucrèce, dans les écrits de Pline, dans les Questions naturelles de Sénèque. Ce dernier philosophe a résumé, en quelques paroles , les opinions plus ou moins dissemblables dans la forme, mais fort analogues quant au fond, des physiciens de l’antiquité touchant l’origine des éclairs :

« Le feu s’engendre par la percussion de l’acier sur la pierre ou par le frottement de deux morceaux de bois. Il se peut donc que les nuages (emportés par le vent) s’enflamment de même, par voie de percussion ou de frottement. » (Quest. nat., liv. ii, § 22.)

J’engagerai ceux qui seraient disposés à traiter avec trop de dédain le rapprochement, assurément bien forcé, qu’on vient de lire, à voir auparavant combien deux mille ans ont laissé encore de lacunes dans l’explication du phénomène que le célèbre auteur des Questions naturelles avait en vue.

La matière fulminante, malgré ce qu’aurait pu conduire à penser la vitesse de sa propagation, ne se meut