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Le 5 septembre 1779, la foudre tomba à Manheim, sur une barre de fer qui s’élevait verticalement au-dessus du toit de l’hôtel de l’ambassadeur de Saxe, et descendait ensuite jusqu’à terre sans solution de continuité, d’abord le long du toit, et ensuite le long d’un des murs de l’habitation. En quittant la barre pour entrer dans la terre qui n’était pas très-humide, la foudre produisit un tourbillon de sable que plusieurs personnes aperçurent à l’instant même, et dont on trouva d’ailleurs après des marques évidentes.

Les effets mécaniques ne sont pas le seul moyen de prouver qu’un terrain peu humide possède très-incomplétement la propriété d’enlever aux barres métalliques la matière fulminante dont elles peuvent être imprégnées. Des phénomènes de lumière conduisent souvent au même résultat.

Quelle que soit sa longueur, une barre de fer de 3 à 4 centimètres d’équarrissage transmet le plus violent coup de foudre jusqu’aux entrailles de la terre et l’y dissémine, si cette terre est humide, sans qu’aucune lueur apparaisse nulle part. Supposez la terre sèche, au contraire, et la barre, au moment de l’explosion, se montrera rayonnante. Ne rendez humide que la seule surface du terrain, et cette surface semblera tout en feu. Ainsi, lorsque la foudre frappa à Philadelphie une barre de fer qui, par son extrémité supérieure, dominait la maison de M. West, et, par l’autre, pénétrait à la profondeur de 1 mètre 5 centimètres, dans une terre imparfaitement humide, il tombait une pluie battante. Cette pluie avait mouillé le pavé : le pavé, au moment de l’explosion,