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pierres de taille ou de la maçonnerie. Eût-on observé exactement les mêmes effets sur des substances différentes ? Existe-t-il des corps dans lesquels la foudre pourrait passer, en sortant d’un métal, sans rien briser, sans rien détruire ? La terre ordinaire figure-t-elle parmi ces corps ?

Lorsqu’une barre de fer que la foudre a frappée plonge dans la terre, il y a deux cas à considérer. Si la terre est sèche, la foudre n’y pénètre, en sortant de la barre, que par une sorte d’explosion ; les effets qu’elle y produit sont analogues à ceux qui nous ont été offerts par les maçonneries et les pierres de taille. Dans le cas, au contraire, où la terre se trouve fortement imprégnée d’humidité, tout se passe tranquillement, silencieusement, sans effets mécaniques appréciables. La terre humide, et, à plus forte raison, l’eau pure, donnent passage à la matière fulminante qui s’échappe des barres de fer qu’elles touchent, à peu près comme l’aurait fait le prolongement de ces mêmes barres, ou toute autre masse métallique en contact avec elles. Citons quelques faits à l’appui de ces assertions.

Le 28 août 1760, la foudre frappa une barre de fer placée sur le toit de la maison de M. Maine (États-Unis), et la fondit en partie. La barre descendait jusqu’à terre, mais elle n’y pénétrait pas assez profondément, et elle se terminait dans des couches peu humides. Aussi la foudre ne la quitta point sans explosion : elle produisit dans cette terre des trous et des soulèvements, et se jeta en partie sur les fondations de la maison, où elle occasionna quelques légers dégâts.