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plus précis, je n’aurais eu à faire qu’une simple compilation ; malheureusement le travail n’était pas aussi simple. Celui qui, sans examen, recueillerait de toute main, s’exposerait aux plus graves méprises. Un ou deux exemples expliqueront ma pensée.

Les tableaux météorologiques de la Société royale de Londres ont été longtemps cités comme des modèles. On y trouve, indépendamment des observations journalières du thermomètre et du baromètre, la mesure de la pluie, la direction du vent, une indication minutieuse des jours sereins, des jours nuageux, des jours de brouillard, des jours où il a bruiné. Jamais ou presque jamais on n’y fait mention du tonnerre. En songeant à la grande importance de ce météore, comparé aux phénomènes atmosphériques qui sont scrupuleusement enregistrés, on serait en vérité autorisé à croire qu’il ne tonne jamais à Londres. Il y tonne, cependant, et presque autant qu’à Paris. Si les tableaux n’en font pas mention , c’est tout simplement que ce phénomène n’a pas fixé l’attention du météorologiste de la Société royale, c’est que son travail a toujours été incomplet.

De pareilles lacunes existent dans les collections académiques des États-Unis d’Amérique. Elles sont d’autant moins excusables que ce pays est dans une position exceptionnelle ; que le nombre et l’intensité des orages y surpassent de beaucoup ce qu’on observe en Europe par des latitudes correspondantes. Le pis de ces négligences (je ne les qualifierai pas d’un nom plus sévère), c’est qu’en se les permettant sans en avertir, on expose la science à faire fausse route.