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au sud et à l’est, présage certain d’un temps orageux. À midi, il souffla si violemment que nous fûmes obligés de ferler toutes nos voiles ; et, jusqu’à trois heures de l’après-midi, nous eûmes à souffrir de l’ouragan le plus rude que nous pussions nous souvenir d’avoir jamais essuyé. Les oiseaux nous avaient abandonnés dès le commencement de l’orage.

De tous les voyages, et je ne parle ici que des voyages maritimes, je ne vois réellement que ceux de Dampier, de Cook, de La Peyrouse, de Dixon, de Vancouvert, de la corvette l’Uranie, et peut-être aussi celui de la Coquille, dans lesquels on a tenu compte assez régulièrement des apparitions du phénomène qui nous occupe. Je ne citerai pas ceux qui n’en disent presque rien, mais je ne puis m’empêcher de faire ici une remarque imitée de celle que vous avez fait parvenir à l’adresse du rédacteur des tableaux météorologiques de la Société Royale de Londres (Voir plus loin, page 187.); c’est que le capitaine Lutké, commandant la corvette russe le Séniavine, étant venu prendre ses instructions scientifiques à Londres, en 1826, au début de son voyage autour du monde, se trouve être dans le même cas que le météorologiste de la Société Royale. Il s’est donné, comme lui, la peine d’exprimer, par des signes particuliers, tous les mots de la science en question, et malheureusement, le sort veut que les mots tonnerre et éclairs soient précisément ceux qu’il a oubliés.

Pour en finir, je dirai donc qu’il existe, tant en mer qu’à terre, des parages où il ne tonne jamais ; mais j’ajouterai aussi qu’il existe en plein océan des parages où il tonne, quelle que soit leur distance de la terre.