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sion. Ici, la mer aurait cela de commun avec l’île de Sainte-Hélène, où l’on peut affirmer que la cendre de Napoléon ne sera jamais troublée par la foudre. Mais il n’en est pas de même de toutes les autres parties de l’Océan Atlantique, du Grand Océan et de la mer des Indes, comprises dans les régions tempérées.

Il tonne à 240 lieues dans l’est des côtes du Brésil et de la Patagonie ; il tonne sous la ligne équinoxiale, entre l’Afrique et l’Amérique. Le point le plus isolé dans l’Océan Atlantique boréal est par 25° nord et 450 ouest ; il est à 380 lieues des Antilles, de la Guyane, des îles du Cap-Vert, des Açores et des Bermudes : il y tonne. La foudre et les éclairs se manifestent également à 200 et 240 lieues au sud du cap de Bonne-Espérance, de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Zélande et de l’île de Pâques. Et, si nous consultons les voyages de La Peyrouse, de Dixon, de Mears et de M. de Freycinet, nous retrouvons les mêmes phénomènes, non moins brillants que partout ailleurs, non-seulement à plus de 250 lieues au nord-est des îles Mariannes, comme à plus de 300 lieues au nord des îles Sandwich, mais encore par 40° de latitude nord et 180° de longitude, précisément dans la partie centrale du Grand Océan boréal, où l’on se trouve à toute distance du Japon, des îles Aleutiennes et de la côte nord-ouest de l’Amérique septentrionale. Je dis à toute distance, parce qu’il n’existe pas sur le globe, en y comprenant même les régions glaciales, un seul point de la surface de la mer qui soit à plus de 600 lieues de toute terre, et que les lieux dont je viens de parler, sur lesquels les navigateurs semblent s’être donné le mot pour y voir briller la foudre,