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LE TONNERRE.

pousse pour suivre des cours d’eau. M. Sturgeon dit avoir souvent observé ce phénomène au confluent de la Medway et de la Tamise.

Pour tout ce qu’il avance sur la disparition graduelle des fortes ondulations des nuages orageux, à mesure que ces nuages s’avancent de l’horizon vers le zénith, Beccaria n’a pu vouloir parler que de leur surface inférieure, la seule qui fût visible de son Observatoire de Turin. Nous ne pourrions rien dire sur l’état de la surface supérieure, s’il ne m’était venu à l’esprit de consulter les officiers d’état-major, anciens élèves de l’École polytechnique, qui, ayant parcouru récemment la chaîne des Pyrénées pour la couvrir de leurs admirables réseaux trigonométriques, avaient dû se trouver fréquemment au-dessus des orages[1].

J’ai appris, par eux, qu’alors même qu’une couche de nuages semble parfaitement unie, parfaitement de niveau sur sa face inférieure, la face opposée n’est qu’un composé de très-hautes protubérances et de profondes cavités.

M. Hossard m’a indiqué un signe précurseur des orages, dont aucun météorologiste n’avait fait, je crois, mention avant lui. Cet officier a remarqué que, durant les grandes chaleurs, il se produit tout à coup, sur plusieurs points de la couche des nuages inférieurs, des soulèvements qui se prolongent comme de longues fusées verticales, et à l’aide desquels des régions atmosphéri-

  1. J’adresserai ici mes remerciments particuliers à deux de ces officiers, pleins de mérite, MM. les capitaines Peytier et Hossard, qui m’ont remis des notes également remarquables par leur exactitude et par les connaissances de physique qu’elles supposent.