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que comme transport de l’État, et, à ce titre, l’administration n’avait pas jugé à propos de la munir d’une chaîne de paratonnerre. Ce bâtiment était au mouillage dans le golfe de Naples, lorsqu’un jour la foudre tomba à bord, sans toucher à la mâture, et pénétra dans la cale, d’où elle n’est sortie qu’après s’être fait jour au travers des bordages de la partie submergée de la carène. La voie d’eau était tellement considérable qu’il en serait résulté la perte du navire, si, au signal de détresse qui fut immédiatement arboré, les embarcations du port de Naples, auxquelles se réunirent tous les bateaux qui étaient occupés à la pêche dans les environs, n’étaient venues, avec célérité, la prendre à la remorque et la conduire au rivage, où il était grand temps qu’on l’échouât.

Vous m’avez invité plus spécialement à m’expliquer sur deux questions auxquelles je suis plus honoré d’avoir à répondre que satisfait de la réponse que j’ai à vous adresser.

Si j’examine l’ensemble des matériaux que nous possédons sur la matière , je suis porté à admettre avec vous que les orages sont moins fréquents en mer que sur terre ; qu’en conséquence, il pourrait y avoir, à toute distance des îles et des continents, des lieux où il ne tonnerait jamais. Mais je vois aussi qu’il existe des anomalies qui viennent modifier toutes mes prévisions et contre lesquelles j’ai besoin de me tenir en garde. Un navigateur qui part des îles Moluques ou des îles de la Sonde, où le tonnerre se fait entendre pour ainsi dire tous les jours de l’année, doit naturellement se trouver fort à son aise dès qu’il s’éloigne de ces îles assourdissantes. Mais un habi-