Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 4.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lieu de l’observation. Cette opération, à laquelle j’ai souvent eu recours durant le voyage de la Coquille, est indispensable lorsque le ciel reste longtemps couvert après l’orage, et que l’on se trouve auprès d’une côte ou au milieu des îles d’un archipel.

Je trouve, dans les Tableaux des routes de la corvette la Coquille, etc. , que j’ai publiés en 1829, un exemple de la distance extraordinaire à laquelle on peut apercevoir la lueur des éclairs. Ce fait, que je crois vous avoir communiqué , vient naturellement s’ajouter à ceux du même genre dont vous avez si bien expliqué la cause. (Voir chapitre xxxvii, p. 221.)

Dans la soirée du 6 mars 1823, étant entre les parallèles de Lima et de Truxillo, et à environ 30 lieues dans l’ouest de la côte, nous vîmes des éclairs très-brillants dans l’est et le nord-ouest, au terme de l’horizon. Le vent était au sud-sud-est, le temps magnifique et le ciel d’une pureté remarquable. Le tonnerre ne se fit point entendre. L’on sait, en effet, depuis très-longtemps, qu’il ne tonne jamais sur les côtes du bas Pérou ; mais l’on sait aussi, d’après Antonio de Ulloa, qu’il n’en est point ainsi à 30 lieues dans l’intérieur de cette contrée. Il est donc permis d’admettre que les éclairs, dont nous avons vu la lueur dans notre atmosphère de la Coquille, avaient pris naissance au milieu de nuages orageux situés à environ 60 lieues de distance.

Voici un événement occasionné par le tonnerre, dont je n’ai point été témoin, mais dont je puis garantir l’authenticité. La corvette la Coquille, dont je pris le commandement en 1821, n’avait été employée jusqu’alors