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nous vîmes, un soir, un petit nuage blanc qui lançait la foudre de tous les côtés. Il montait avec lenteur, malgré la force du vent, et se trouvait à une grande distance de tous les autres nuages, qui paraissaient comme fixés à l’horizon. »

« Voici ce que ma mémoire me permet d’ajouter à ce peu de mots : Le nuage dont il s’agit était d’une forme arrondie et pouvait occuper en surface une étendue égale à la surface apparente du soleil. De tous les points de ce nuage s’échappaient des éclairs en zigzag et une multitude de détonations successives, imitant parfaitement le bruit de la mousqueterie de tout un bataillon auquel on aurait commandé de faire feu à volonté. Ce phénomène, que je n’ai vu qu’une seule fois dans ma vie, ne dura pas moins d’une demi-minute, et le nuage disparut complétement avec les dernières détonations. J’ignore le motif qui a pu déterminer M. de Freycinet à ne pas mentionner cette observation, qu’il a dû trouver dans la copie du journal que j’ai déposée entre ses mains.

Je dois ajouter ici que, dans le même détroit, nous avons aperçu bon nombre de globes très-lumineux, traversant l’atmosphère dans toutes les directions ; que le tonnerre s’est souvent fait entendre, comme cela, d’ailleurs, est ordinaire dans l’archipel d’Asie ; mais qu’aussi nous avons éprouvé l’effet d’un tourbillon de vent qui, par sa force et le bruit extraordinaire qu’il faisait, nous obligea à carguer toutes les voiles. Ce dernier phénomène fut de peu de durée, et il se manifesta par un temps magnifique et sous un ciel extrêmement pur.

Voici actuellement un fait qui vient à l’appui de ce