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heures et midi. À une heure, ces nuages ont acquis leur maximum de densité ; la pluie s’en échappe par torrents, des éclairs les sillonnent dans tous les sens ; enfin, le tonnerre auquel ils donnent naissance fait entendre ses sourds roulements jusqu’à Kingston. Vers deux heures et demie, le ciel a repris sa sérénité.

Ce phénomène, dit M. Hutchison, se reproduit tous les jours, pendant cinq mois consécutifs.

Supposons l’observation exacte, et Kingston comptera cent cinquante jours de tonnerre par an, tandis que dans les îles voisines, tandis que dans les points du continent semblablement placés sous le rapport climatologique, le nombre de ces jours de tonnerre ne va pas à cinquante ; et l’influence des montagnes de Port-Royal sur la production des orages, sera manifeste pour tout le monde.

Cette permanence des orages de la Jamaïque, à l’égard de laquelle il est bien désirable que la météorologie recueille des documents plus circonstanciés, plus précis, se retrouve, dit-on, sur quelques points du continent voisin. M. Boussingault m’écrit que, dans une certaine saison, il tonne presque tous les jours à Popayan ; que dans un mois (le mois de mai) il a lui-même compté plus de vingt jours orageux. Le fait, au reste, avait été déjà remarqué, car personne dans le pays ne conteste aux Popayannais le droit de se vanter « d’avoir le plus puissant tonnerre de la république. »

Au besoin, les régions équinoxiales me fourniraient d’autres exemples analogues. Je pourrais, par exemple, citer, dans les environs de Quito, la vallée de Chillo, dans laquelle, au dire de tous les habitants, il tonne