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doute, pourrait nous porter à faire pencher la balance d’un côté plutôt que de l’autre.

Hérodote dit (livre vii, Polymnie) : « Xerxès, serrant de près l’Ida, situé à sa gauche, atteignit le territoire de Troie. La première nuit qu’il campa au pied de cette montagne, le tonnerre et les éclairs assaillirent son armée et lui tuèrent beaucoup d’hommes. On arriva ensuite au Scamandre, etc., etc. »

On verra bientôt , d’après les renseignements que j’ai recueillis, qu’il ne tonne pas plus aujourd’hui dans l’Asie Mineure que dans les climats d’Europe. Or, je doute fort que le tonnerre ait jamais figuré, au ministère de la guerre, parmi les causes d’affaiblissement de nos armées ; je doute qu’aucun de nos généraux ait eu l’occasion de parler, comme le fait Hérodote, de la perte de beaucoup d’hommes occasionnée par ce météore.

Pausanias rapporte qu’à l’époque où une armée lacédémonienne campait sous les murs d’Argos, beaucoup de soldats furent foudroyés.

J’ai acquis la preuve que, de nos jours, le nombre et l’intensité des orages sont peu considérables dans l’Attique et le Péloponèse. Le récit de Pausanias, comme celui d’Hérodote, tendrait donc à faire croire que, depuis les temps anciens, il y a eu en Grèce, sous ce rapport, diminution notable. Je dois cependant signaler une circonstance qui atténue l’importance du témoignage de Pausanias, en tant qu’il s’agit ici d’un phénomène atmosphérique annuel : les tonnerres foudroyants dont l’armée lacédémonienne eut tant à souffrir, coïncidèrent avec un épouvantable tremblement de terre.