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LE TONNERRE.

nuages qui, sans s’en détacher, vont graduellement couvrir tout le ciel.

Au moment où les rameaux commencent à se former, l’atmosphère est ordinairement parsemée de petits nuages blancs bien distincts, bien circonscrits, que le célèbre physicien de Turin appelle ascitizi, c’est-à-dire nuages additionnels ou subordonnés. Les mouvements des ascitizi sont brusques, incertains, irréguliers. Ces nuages paraissent être sous l’influence attractive de la grande masse. Aussi vont-ils, l’un après l’autre, se réunir à elle. Les ascitizi avaient déjà été remarqués par Virgile, qui les comparait à des flocons de laine. Les taches blanches qui, çà et là, interrompent la teinte uniformément obscure d’un gros nuage orageux étaient originairement des ascitizi.

Après que, en s’étendant, le grand nuage obscur et orageux a dépassé le zénith, lorsqu’il couvre la majeure partie du ciel, l’observateur voit au-dessous beaucoup de petits ascitizi, sans qu’il puisse trop décider ni d’où ils viennent, ni comment ils sont formés. Ces ascitizi paraissent déchirés, morcelés : on dirait des lambeaux de nuages. Ils poussent çà et là de longs bras. Leur marche est vive, irrégulière, incertaine, mais toujours cependant horizontale. Lorsque, dans leurs mouvements opposés, deux de ces nuages viennent à se rapprocher, ils paraissent vraiment étendre l’un vers l’autre leurs bras irréguliers. Après s’être presque touchés, ils se repoussent évidemment, et les bras dont nous venons de faire mention se reploient par un mouvement contraire à celui qui s’était d’abord manifesté.