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l’insinue le passage qu’on vient de lire. En tout cas, les choses seraient bien changées. Puisqu’il tonne quelquefois au Caire, puisqu’il tonne beaucoup en Abyssinie, à Gondar, par exemple, j’ose affirmer, quoiqu’en ce moment je n’aie sous les yeux aucune observation directe, qu’il tonne dans toute l’étendue de l’ancienne Æthiopie.

Si je ne puis pas citer un seul point situé dans les régions chaudes ou tempérées de l’ancien continent où il ne tonne jamais, il en sera tout autrement de l’Amérique.

Les habitants de Lima (Pérou) (lat. 12° sud, longit. 79 degrés et demi ouest) qui n’ont pas voyagé, ne se font aucune idée du tonnerre. Nous pouvons ajouter qu’ils ne connaissent pas davantage les éclairs, car les éclairs sans bruit eux-mêmes ne sillonnent point l’atmosphère souvent embrumée, mais jamais couverte de véritables nuages, du bas Pérou.

Passons maintenant des régions chaudes aux zones glaciales.

En 1773, de la fin de juin à la fin d’août, le Race Horse, commandé par le capitaine Phipps, navigua constamment dans les mers du Spitzberg. Pendant cet intervalle de deux mois d’été, on n’entendit pas le tonnerre une seule fois ; on n’aperçut pas un seul éclair.

Mon ami le révérend docteur Scoresby, jadis si célèbre comme capitaine baleinier, et à qui l’on doit une si intéressante description des phénomènes des mers polaires, rapporte que pendant ses nombreux voyages il n’a aperçu d’éclairs, au delà du 65° de latitude, que deux fois.

Il ne croit pas que jamais on ait vu éclairer au Spitzberg.