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CHAPITRE XXXII.
GÉOGRAPHIE DES ORAGES.
y a-t-il des lieux ou il ne tonne jamais ? — quels sont les lieux où il tonne le plus ? — tonne-t-il aujourd’hui aussi souvent que dans les siècles passés ? — des circonstances locales influent-elles sur la fréquence de ce phénomène ? tonne-t-il tout autant en pleine mer qu’au milieu des continents ? — quelle est de nos jours , quant à la fréquence, la distribution géographique des orages ?

La botanique, la zoologie, l’entomologie, etc., ont donné lieu à de curieuses, à d’importantes classifications géographiques. On aurait donc quelque droit d’être surpris si je n’essayais pas de faire aussi la géographie des orages. À défaut d’une solution satisfaisante des questions dont je viens de tracer l’énoncé, je montrerai du moins la marche qu’il faudra suivre quand on aura recueilli des documents suffisants.

Première question. — Y a-t-il des lieux où il ne tonne jamais

Pline (Hist. nat., liv. ii, § 52) dit qu’il ne tonne pas en Égypte. Aujourd’hui il tonne beaucoup à Alexandrie et trois ou quatre fois par an au Caire.

Dans le Traité de la Superstition de Plutarque on lit : « Celui qui ne navigue point ne craint point la mer ; celui qui ne suit pas les armes ne redoute point la guerre ; ni les voleurs de chemins, celui qui ne bouge de sa maison… ni le tonnerre, celui qui demeure en Æthiopie. »

Je ne suis guère disposé à croire que du temps de Plutarque il ne tonnait jamais au sud de l’Égypte, comme