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une chaleur accablante. La pluie recommença à six heures du soir. Alors, disent toutes les relations, chaque goutte jetait du feu en arrivant à terre.

Le 3 mai 1768, près la Canche, à deux lieues d’Arnayle-Duc, M. Pasumot fut surpris en plein champ par un gros orage. Quand il s’inclinait pour faire couler l’eau qui s’était accumulée près des rebords de son chapeau, cette eau, en rencontrant dans sa chute à environ un demi-mètre de terre celle qui tombait directement des nuages, en faisait jaillir des étincelles.

Le 28 octobre 1772, sur la route de Brignai à Lyon, l’abbé Bertholon fut surpris par un orage vers les cinq heures du matin. Il tombait de la pluie et de la grêle en très-grande abondance. Les gouttes de pluie et les grêlons qui rencontraient dans leur chute les parties métalliques de la selle du cheval que montait M. Bertholon produisaient à l’instant même des jets lumineux.

Une personne de la connaissance du célèbre météorologiste Howard lui raconta que s’étant trouvée de nuit sur la route de Londres à Bow, pendant le violent orage du 19 mai 1809, elle vit distinctement que la pluie qui tombait devenait lumineuse au moment de son arrivée à terre.

Voilà tout ce que j’ai pu recueillir quant à des pluies lumineuses. La grêle et la neige ne me fourniront qu’une ou deux citations[1].

  1. Pendant un orage, des voyageurs remarquèrent qu’en crachant, les gouttes de salive étaient lumineuses presque au sortir de la bouche. La frayeur dont furent saisis ceux qui se surprirent ainsi crachant du feu pouvant se renouveler, il m’a paru que l’observation, qui d’ailleurs par elle-même n’est pas dépourvue d’une certaine importance théorique, devait être consignée dans cette notice.