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CHAPITRE XXXI.
pendant de grands orages, les gouttes de pluie, les flocons de neige, les grêlons, produisent de la lumière en arrivant à terre, ou même en s’entre-choquant.

Plusieurs physiciens ayant nié la réalité de ce phénomène, j’ai cru devoir rechercher, avec un soin tout particulier, les observations qu’on en a faites. Elles permettront à chacun d’avoir, à ce sujet, une opinion raisonnée et personnelle.

Les pluies d’orage sont quelquefois assez lumineuses pour que dom Hallai, prieur des Bénédictins de Lessay, près de Coutances, crût ne point exagérer en disant, dans une lettre à Mairan : « Le 3 juin 1731, au soir, pendant des tonnerres extraordinaires, il tombait de toutes parts comme des gouttes de métal fondu et embrasé. »

En 1761, Bergman écrivait à la Société royale de Londres :

« J’ai observé deux fois vers le soir, sans qu’il tonnât, une pluie telle qu’à son contact tout scintillait, et que la terre semblait couverte d’ondes enflammées. »

On pourrait croire que les régions septentrionales sont plus propres que les autres à la production des pluies lumineuses, puisque dans le très-petit nombre de citations qu’il m’est possible de faire à ce sujet, il en est encore une, comme on va voir, qui appartient à la Suède.

Pendant la matinée du 22 septembre 1773, il tonna, il éclaira et il tomba une pluie très-abondante dans le district de Skara (Gothie orientale). Ensuite on éprouva