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LE TONNERRE.

Au nombre de ces traits distinctifs, je citerai, en première ligne, une sorte de fermentation à laquelle les nuages orageux paraissent seuls sujets. Un physicien anglais, M. Forster, compare cette fermentation au mouvement qu’on remarque à la surface d’un fromage rempli de vers !

Lorsque, par un temps calme, on voit s’élever assez rapidement de quelque point de l’horizon des nuages très-denses, semblables à des masses de coton amoncelées, c’est-à-dire terminés par un grand nombre de contours curvilignes brusquement et nettement arrêtés comme le sont les sommités des montagnes domiques couvertes de neige ; lorsque ces nuages se gonflent, en quelque sorte ; lorsqu’ils diminuent de nombre et augmentent de grandeur ; lorsque, malgré tous ces changements de forme, ils restent invariablement attachés à leur première base ; lorsque ces contours, d’abord si nombreux et si distincts, se fondent peu à peu les uns dans les autres, de manière à ne plus laisser bientôt à l’ensemble que l’aspect d’un nuage unique, on peut, suivant Beccaria, annoncer avec certitude qu’un orage s’approche.

À ces premiers phénomènes succède, toujours à l’horizon, l’apparition d’un gros nuage très-sombre par l’intermédiaire duquel les premiers paraissent toucher à la terre. Sa teinte obscure se communique, de proche en proche, aux nuages élevés, et il est digne de remarque que ce soit alors leur surface générale, celle du moins qu’on aperçoit de la plaine, qui devienne de plus en plus unie. Des parties les plus hautes de cette masse unique et compacte partent, sous la forme de longs rameaux, les