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ne fut donc pas changée. Lorsque le navire pénétra dans la région lumineuse, tout l’équipage était silencieux, attentif ; en proie à une vive préoccupation. Aussitôt on aperçut aisément les parties les plus élevées des mâts et des voiles et tous les cordages. Le météore pouvait avoir une étendue de 400 mètres. Lorsque la partie antérieure du navire en sortit, elle se trouva subitement dans l’obscurité ; aucun affaiblissement graduel ne se fit remarquer. On s’était déjà fort éloigné de la région lumineuse qu’elle se voyait encore à l’arrière du navire. »

La cause de ces phénomènes de lumière, pour me servir de la belle expression de Pline, est encore cachée dans la majesté de la nature.

Indépendamment des feux problématiques dont il vient d’être question, lesquels, en temps d’orage, naissent sur le sol, y demeurent quelque temps stationnaires et ne le quittent que pour éclater à une petite hauteur, comme les feux de Fosdinovo et de Dijon, ce serait sur la terre, s’il fallait en croire Maffei, Chappe, etc., que s’élaborerait presque toujours la foudre ; ce serait de terre que partiraient subitement, inopinément, les éclairs foudroyants. Au lieu de se précipiter des nuages, ces éclairs iraient, au contraire, les rejoindre par un mouvement dirigé de bas en haut.

Les partisans de cette opinion disent qu’ils ont vu distinctement la foudre s’élever à la manière des fusées. En admettant comme un fait la marche si rapide qui résulte des expériences de M. Wheatstone, on conçoit difficilement la possibilité de distinguer à l’œil si un éclair qui joint les nuages à la terre, a été montant ou descendant.