Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 4.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le globe, après s’être élevé verticalement à peu de distance du navire, alla frapper les mâts avec une explosion comparable à celle de plusieurs centaines de canons. Le grand mât de hune était brisé en une multitude de pièces ; une large fente régnait de haut en bas le long du grand mât ; cinq matelots furent jetés sur le pont sans connaissance ; un d’entre eux était grièvement brûlé.

La nature fulminante du phénomène me paraît résulter de l’odeur sulfureuse qui se répandit dans les batteries, et plus particulièrement encore de cette circonstance, que de gros clous en fer arrachés dans diverses parties du navire furent projetés sur le pont avec une telle force qu’ils s’y enfoncèrent profondément. Il ne fallut rien moins que de puissantes tenailles pour les arracher.

Le savant docteur Robinson d’Armagh a eu la complaisance de me faire part d’un phénomène de lumière très-remarquable, observé sur les eaux sans aucune apparence d’orage, et dont les lecteurs ne seront certainement pas fâchés de trouver la description :

« Le major Sabine et le capitaine James Ross revenaient, en automne, de leur première expédition arctique ; ils étaient encore dans les mers du Groënland pendant une des nuits si sombres de ces régions, quand ils furent appelés sur le pont par l’officier de quart qui venait d’apercevoir quelque chose de très-étrange. C’était, en avant du navire et précisément dans la direction qu’il suivait, une lumière stationnaire sur la mer et s’élevant à une grande hauteur, pendant que partout ailleurs le ciel et l’horizon paraissaient noirs comme de la poix. Il n’y avait dans ces parages aucun danger connu ; la route-