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CHAPITRE XXIX.
l’état particulier qu’un orage atmosphérique communique au globe par son infuence, se manifeste quelquefois par de brillants, par de larges phénomènes de lumière dont la terre est d’abord le siége, et qui disparaissent à la suite d’une explosion, soit dans le lieu même ou ils sont nés, soit après un déplacement plus ou moins étendu et plus ou moins rapide.

Le fait que je vais rapporter prouve que, par l’influence d’un orage, des flammes peuvent se développer au sein des eaux et en jaillir.

Dans la nuit du 4 au 5 septembre 1767, pendant un violent orage, le fermier d’un étang, près de Parthenai, en Poitou, le vit couvert dans toute son étendue d’une flamme si épaisse qu’elle lui dérobait la vue de l’eau[1].

Il paraît, enfin, que de grands météores lumineux d’une nature analogue à celle de la foudre naissent quelquefois à la surface du globe, même quand le ciel ne semble pas orageux. J’en trouverai la preuve dans un événement de mer qui, déjà, a été cité sommairement pour un autre objet (chapitre xi, p. 81).

Le 4 novembre 1749, par 42° 48’ de latitude nord, et 11° un tiers de longitude occidentale (comptée de Paris), quelques minutes avant midi et par un temps serein, un globe bleuâtre de feu, de la grandeur apparente d’une meule de moulin, s’avança rapidement vers le vaisseau anglais le Montague, en roulant à la surface de la mer.

  1. Le lendemain tous les poissons flottaient morts à la surface de l’étang.