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Le corps du malheureux cocher présentait, çà et là, des marques de brûlures. Ses habits, sa chemise et son chapeau surtout, étaient réduits en lambeaux. Ils répandaient une forte odeur.

Voilà incontestablement les principaux effets d’un coup de foudre ordinaire ; eh bien, la détonation ne fut précédée d’aucun éclair, d’aucun phénomène de lumière. Nous avons pour garants de ce fait remarquable le cocher du second char, lequel, au moment de l’accident, causait avec son camarade, dont il n’était éloigné que d’une vingtaine de mètres, et qui le vit tomber sans avoir aperçu aucune lumière. Nous pouvons invoquer aussi le témoignage du berger de la ferme de Saint-Cuthbert ; celui-ci déclara à M. Brydone qu’il suivait de l’œil les deux tombereaux quand la détonation arriva ; que la chute de la voiture, des chevaux et du cocher fut accompagnée de la formation d’un tourbillon de poussière, mais qu’aucun éclair, qu’aucun feu ne se montra. Nous ajouterons, enfin, que M. Brydone, dans le moment même de l’accident, s’était placé devant une fenêtre ouverte pour montrer à quelques personnes de sa société comment, avec une montre à secondes, on peut déduire la distance des nuages orageux de l’intervalle qui s’écoule entre l’éclair et le bruit, et qu’il entendit la détonation foudroyante sans qu’elle eût été précédée d’aucun éclair.

Une grande sécheresse régnait depuis longtemps dans le pays quand arriva l’accident dont je viens de donner la relation.