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CHAPITRE XXVIII.
l’état exceptionnel dans lequel les orages atmosphériques placent la partie solide du globe, se manifeste quelquefois par des détonations foudroyantes qui, sans aucune apparence lumineuse, produisent cependant les mêmes effets que la foudre proprement dite.

Je ne connais qu’une seule observation directe qui puisse justifier cet énoncé ; mais elle est si nette, si démonstrative, M. Brydone en recueillit toutes les circonstances avec un soin si intelligent, si éclairé, que le doute, quant aux conséquences qui en découlent, ne semble pas même permis.

Le 19 juillet 1785, entre midi et une heure, il éclata un orage dans le voisinage de Goldstream. Pendant sa durée, il y eut dans la campagne environnante plusieurs accidents remarquables que je vais analyser.

Une femme qui coupait du foin près des rives de la Tweed tomba à la renverse. Elle appela sur-le-champ ses compagnes, et leur dit qu’elle venait de recevoir sous son pied, et sans pouvoir dire de quelle manière, le coup le plus violent. En ce moment il n’y avait eu dans le ciel ni éclair ni tonnerre.

Le berger de la ferme de Lennel-Hill vit tomber à quelques pas de lui un mouton qui, peu de moments auparavant, paraissait en parfaite santé. Il courut pour le relever, mais il le trouva raide mort. L’orage paraissait alors être très-éloigné.

Deux tombereaux chargés de charbon de terre étaient conduits chacun par un jeune cocher assis en avant sur