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timent unanime, il eut pour cause principale l’immense volume d’eau souterraine qui tout à coup, pendant l’orage, sortit du sein des montagnes par de nouvelles ouvertures.

Ces ruptures locales de l’écorce solide du globe n’auraient rien d’extraordinaire, s’il était prouvé que dans des temps orageux l’eau tend à se réunir aux nuages, et que cette tendance se manifeste par des intumescences prononcées. Or, voilà précisément ce qui résulte avec évidence des observations faites à bord du paquebot le New-York, en avril 1827.

Pendant que l’orage grondait autour de ce navire, la mer était dans un bouillonnement continuel qui, par sa nature, aurait pu faire croire à l’existence de plusieurs volcans sous-marins. On apercevait surtout trois colonnes d’eau ; elles s’élançaient dans les airs, puis retombaient en écumant, puis s’élevaient de nouveau pour retomber encore.

Il existe au Mont-d’Or, en Auvergne, un bâtiment très-ancien au milieu duquel est une cuve en pierre d’un seul bloc, qu’on appelle la cuve de César. Elle a 1 mètre de large et 12 décimètres de profondeur. Le fond de cette cuve est percé de deux ouvertures, à travers lesquelles deux colonnes d’eau, sortant de terre, jaillissent en bouillonnant, c’est-à-dire en produisant un bruit, une sorte d’éructation dont l’intensité, d’après les observations souvent répétées de M. le docteur Bertrand, augmente considérablement quand le temps est orageux.

Les habitants de la vallée avaient trouvé, eux aussi, dans le bruit de la source jaillissante de la cuve de César,